Débarquement : Thérèse Chanu, "Souvenirs de juin 1944 à fin août 1944 et le temps de la reconstruction

Prise en tenaille entre les alliés et les allemands, la famille de Thérèse Chanu va subir les bombes puis l’exode. En revenant, une fois la région libérée, il ne reste rien. Tout a brûlé et peu de bétail vit encore. Reste à tout reconstruire.

Au printemps 1945, après l’attribution d’un petit baraquement  (3,5 m x 2,5 m), nous trouvons une chambre plus près de la ferme, dans une maison qui n’a pas été détruite au « bas de Périers » chez madame Anne. On y va dormir, on cuisine dehors, et le petit baraquement nous sert à prendre les repas.

A quelques temps de là, un baraquement plus grand nous est attribué (10 m x 4 m) : il sert de pièce commune et de cuisine. Deux chambres se situent en arrière avec un tout petit débarras .

Hiver 44-45, il fait froid en plus

Pendant l’hiver 44-45, les quelques vaches que nous avons couchent dehors. Je pars traire soir et matin avec maman à travers champ et quand il gêle, le lait glace dans le fond des bidons. Il faut alors le réchauffer pour l’écrémer. C’est physiquement dur. J’attrape des engelures aux genoux.
Les vaches n’ont plus que du foin à manger. Les chars ont ravagé les champs et toutes les récoltes ont été écrasées. Papa coupe le peu de blé que l’on a récupéré avec une faux ou une faucille. Nous l’avons battu quelques mois avant chez madame Leconte, chez qui nous avons passé l’hiver précédent. Les éléments se sont ligués : l’orge que papa avait fauché a été perdu à cause de la pluie tombée sans interruption au mois de septembre.

Mes 2 tantes ne sont plus avec nous à cette époque : Simone a regagné Flers, et Marcelle, Vire. Le cousin Jean-Claude est resté, son père n’étant libéré qu’en mai 1945.

Tout repartir de zéro

En se repliant, les allemands ont poussé devant eux, des bovins et des chevaux sans doute pour se nourrir. Mais ils sont restés dans l’Eure en Seine maritime.
Des vaches sont attribuées aux sinistrés. Nous avons également une jument que papa est allé chercher dans l’Eure. Dans un premier temps les prix sont raisonnables. Mais cela ne dure pas ;  avec l’accroissement de la demande, les cours augmentent très vite.

Lors du 2ème hiver, une hutte en tôles est attribuée pour servir d’étable. Le foin et la paille sont dehors en barge ou meule, avec des vielles tôles de récupération ; les moins percées. La porcherie avait brûlé ; mais avec ses murs encore debouts il est possible en la recouvrant de recréer un poulailler d’un côté et un abri pour les cochons de l’autre, tout comme l’écurie. Enfin, la laiterie adjacente à la maison n’a pas brûlé, et nous l'isolons également de la pluie.
La maison, l’étable, la cave et le pressoir sont complètement détruits. On ne peut plus rien faire.  A l’inverse d’un bâtiment qui servait auparavant à accueillir de la paille ainsi qu’une petite maison appelée  « boulangerie »; Celles là peuvent être ré-utilisées avec des travaux.

Avec les moyens du bord, la vie reprend. Doucement, difficilement. Mes parents ont tout recommencé à zéro.
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